Ce dossier sectoriel se rapporte au développement économique de la région Fès Boulemane, hors agriculture. Il traite de la compétitivité territoriale, des activités économiques et des investissements. Il dresse un premier portrait de la région à partir d’un bilan détaillé portant sur les secteurs productifs qui sont l’industrie, l’artisanat, le tourisme et le commerce et sur les services d’appui à l’économie. Il s’inscrit dans le cadre d’un diagnostic stratégique plus large visant à se doter des éléments nécessaires pour élaborer le schéma régional d’aménagement du territoire (SRAT).
L’analyse sectorielle a mis en exergue le constat suivant :
- Le secteur industriel de la région Fès-Boulemane demeure dans sa globalité peu développé et son apport au niveau national ne reflète pas les atouts et les richesses de la région en matières premières et en capital humain. La situation de l’appareil productif régional ne lui permet pas de continuer à faire face à la concurrence nationale et internationale, ni de préparer efficacement l’avenir par les investissements nécessaires aux produits de demain. En outre, depuis une dizaine d’années, les coûts salariaux qui constituaient le pilier de l’avantage compétitif des centres urbains de la région s’orientent vers la hausse. Il est donc nécessaire de redonner à la région les moyens d’un repositionnement offensif durable dans la compétition relancée par le Pacte National pour l’Emergence Industrielle.
- En ce qui concerne le commerce, aux difficultés inhérentes aux limites de la coexistence des circuits modernes et traditionnels de la distribution, viennent se joindre les problèmes de régulation de l’équipement commercial et donc du redéploiement des activités de négoce et de distribution au sein des principaux espaces urbanisés de la région. En effet, dans ce domaine, la gouvernance reste en butte à l’improvisation et soufre de contradictions. Le secteur du commerce de détail dans la région connaît une véritable expansion, stimulée par une demande intérieure en hausse. L’offre des moyennes et grandes surfaces y gagne du terrain. Mais les règles de base de l’urbanisme commercial tardent à être énoncées. La prise en charge du secteur du commerce dans la région gagnerait à être menée en termes de diversité et de convergence des tissus commerciaux pour mieux mettre en valeur l’évolution de la structure et de la dynamique des différentes composantes du secteur dans la zone économique de Fès et sa grande aire de rayonnement.
- En ce qui concerne le tourisme, Fès, ville impériale, est une attraction touristique de valeur internationale. Son potentiel touristique « fondé sur l’architecture urbaine, l’histoire et la culture s’érode de façon lente, mais continue ». Les zones de montagne offrent un potentiel important dont la mise en valeur devra être adaptée à leurs contextes socio-géo-écologiques. La stratégie consisterait en la promotion du territoire de la région tout entière. A cet effet, il s’agira de moderniser les produits par une combinaison des motifs culturels avec ceux de santé, détente, loisirs et repos, de maximiser les résultats pour la ville de Fès comme produit traditionnel du tourisme marocain et d’améliorer le volume de l’activité touristique de la région par la mise en valeur du thermalisme et de la montagne.
- La problématique de l’artisanat se situe du côté des mutations qui affectent et qui ne vont pas tarder à impacter le secteur des métiers dits artisanaux, en termes de préservation et de réussite à entrer effectivement dans le champ entrepreneurial. Les plans de relance et de redressement de l’artisanat qui se renouvellent depuis des décennies constituent de véritables appels à la préservation et, pour certaines filières et métiers, un soutien inespéré. L’artisan résiste sans plus et de l’avis des spécialistes, c’est déjà une performance.
- En termes de services d’appui à l’économie, la région souffre du quasi-monopole de l’agglomération de Fès et la dépendance que développent les autres villes de la région aux services qui y sont fournis. Cette dépendance est d’autant plus préjudiciable que les infrastructures et les moyens de transport ne facilitent pas les déplacements entre les villes secondaires, souvent très éloignées et la capitale régionale. Pour gagner en efficacité face aux ambitions de développement de la région, les services d’accompagnement économique devront relever un certain nombre de défis :
- réorganiser le transport au niveau régional en vue d’une meilleure intégration nord-sud et une meilleure articulation des villes du Sud de la région à l’infrastructure nationale. Cette réorganisation devra toucher aussi bien les infrastructures (voies express, nouvelles lignes régionales de chemin de fer…) que le transport collectif interurbain et interrégional ;
- redistribuer les services d’accompagnement (formation, recherche) de manière à satisfaire les besoins des villes secondaires et en améliorer la compétitivité, et ce, dans une vision de complémentarité avec les services fournis par la métropole régionale ;
- réorganiser l’offre en formation professionnelle de manière à correspondre aux ambitions de développement sectoriel : artisanat, tourisme, agriculture, industrie et offshoring et ce, aussi bien au niveau des filières qu’au niveau des diplômes ;
- diversifier la formation universitaire pour s’orienter de plus en plus vers les secteurs productifs et les secteurs de l’innovation et la création et améliorer l’intégration avec le tissu économique en multipliant les espaces d’échange et de coopération : clusters, centres de recherche et développement… et favoriser l’essaimage vers les villes secondaires de la région ;
- diminuer la dépendance de la région aux énergies fossiles en valorisant le potentiel éolien et solaire du sud de la région ;
- améliorer la connectivité du milieu urbain en général et des zones d’activité en particulier au réseau national et international de télécommunications notamment grâce aux réseaux de fibre optique.