Le rapport se rapportant au milieu naturel a pour objectif la réalisation d’un rapport d’analyse sectorielle dans les domaines qui ont un impact déterminant sur l’aménagement et le développement de l’espace régional. Ainsi, ont été analysés le milieu physique (relief, climat…), l’environnement (caractéristiques, pressions, indicateurs de dégradation), les ressources en eau (bilan, état des ressources, infrastructures de mobilisation) et les risques naturels.
Située au Centre Nord du Maroc et au pied du Pré-Rif, intégrant en partie la plaine de Saïs et côtoyant la chaîne montagneuse du Moyen Atlas, la Région Fès – Boulemane est née du découpage régional de 1997. Cette région s’étend sur une superficie de 20 318 km² constitués des collines au pied du Rif dont l’altitude varie entre 400 m et 500 m, des montagnes du moyen Atlas avec un point culminant de 2796 m à Tichoukt, des hautes collines du Missour (700 m à 1200 m) et des plaines de Saïs (400 m à 700 m d’altitude).
A la diversité des formes de relief de la région correspondent des étages bioclimatiques différents. Ainsi, la région est caractérisée par un climat :
- continental dans sa partie nord (hiver froid et sec et été chaud), la moyenne des précipitations y est de 450mm ;
- humide et froid dans les zones montagneuses du centre où la moyenne des précipitations dépasse les 600 mm,
- et semi désertique dans les hauts plateaux de la province de Boulemane, au sud où la moyenne des précipitations n’excède pas le cap de 250 mm.
Concernant les ressources en eau, la région est drainée par d’importants cours d’eau, dont Oued Sebou et ses affluents sont les plus importants. Les apports en eaux superficielles sont de l’ordre de 990 Mm3 par an. Elles sont contenues à l’intérieur de deux grands bassins versants, à savoir le bassin versant du Sebou et celui de Moulouya. Quant aux eaux souterraines, elles sont constituées de six nappes phréatiques. La région offre aussi des opportunités considérables en matière de ressources thermales minérales avec les sources de Sidi Hrazem, Moulay Yacoub et Aïn Allah.
Les terres boisées couvent plus de 43 % de l’ensemble du territoire de la région. Elles sont composées d’essences ligneuses et de nappes alfatières. Plusieurs écosystèmes forestiers, alfatiers ou zones humides de la région ont été identifiés comme Sites d’Intérêt Biologique et Ecologique (SIBE) en raison de leur grande valeur écologique. Ces SIBE au nombre de 10 couvrent une superficie d’environ 46.000 ha.
Ainsi, 4 unités géographiques distinctes par leurs caractéristiques naturelles (relief, nature du sol, climat) composent la région :
- Le prérif : Ce pays de collines correspond à la partie nord de la région de Fès-Boulemane. Il est constitué d’un système de collines peu élevées et marneuses. Le relief bas et aéré s’explique par la prédominance du matériel tendre de la nappe pré rifaine quant aux sommets, ils correspondent à des affleurements de grès ou de calcaire tertiaire plus durs. Dans ce pays déboisé, où ne subsistent plus que de maigres tapis de palmiers nains couronnant les collines, la mise en valeur, basée sur la céréaliculture et l’élevage a pratiquement détruit toute la couverture forestière.
- La plaine de Fès-Saïs : située entre le début des collines du Prérif et les montagnes du Moyen Atlas, elle occupe la partie centrale et Est du bassin de Saïs. Elle contient des zones basses et mal drainées, à l’origine de marécages, comme c’est le cas de l’étang de Dwiyate à l’Ouest de la ville de Fès. Cette plaine est formée en profondeur par le même calcaire d’origine marine que celui des Causses du Moyen Atlas sur lequel se sont déposées des marnes bleues datées du Miocène. Ces marnes sont surmontées d’une mince couche de calcaires d’origine lacustre (le lac du Saïs n’étant plus en communication avec la mer). Une fois le lac asséché, est apparu le plateau calcaire à l’extrémité duquel est construite la ville nouvelle de Fès.
- Le Moyen Atlas : avec une vue sur la plaine du Saïs et les plateaux de la Moulouya, il présente un groupe de reliefs formé de deux grands sous-ensembles : le Moyen Atlas tabulaire (ou Causses Moyen Atlasiques) et le Moyen Atlas plissé, séparés l’un de l’autre par l’accident nord-moyen-atlasique, lui-même composé de failles, chevauchements ou flexures :
- Les plateaux de Moulouya : A l’Est et au Sud-Est du Moyen Atlas se situent les plateaux de la Moulouya centrale. Ce sont de grandes cuvettes allongées du SW au NE et remplies de matériaux détritiques provenant de l’érosion des massifs montagneux qui les bordent. Elles s’échelonnent à différentes altitudes, depuis 1500 m dans la partie amont de la Moulouya, 900 m environ dans la partie moyenne entre Missour et Outat-el- Haj, jusqu’à 400-500 m dans le bassin de Taourirt-Guercif. Le sol y est faible et, s’il existe, on le trouve enveloppé d’une couche dure, sauf au fond des vallées où il y a un sol alluvial et agricole.
La région de Fès-Boulemane dispose ainsi d’une importante richesse naturelle susceptible de servir de support et de renforcer sa position économique. Cependant, l’effort de développement fourni par les différents intervenants dans la région génère des effets négatifs sur l’environnement et une grande pression sur les ressources naturelles. Ainsi, le Schéma Régional d’Aménagement du Territoire devra, dans une optique de développement durable, prêter une attention toute particulière aux effets de la croissance et du développement sur le milieu naturel et chercher dans la mesure du possible l’équilibre entre la croissance économique, la protection de l’environnement et le développement social et humain. Cela implique particulièrement à prêter attention à :
- l’augmentation de la pression anthropique entrainant la réduction des habitats naturels et la diminution de la biodiversité,
- l’étalement urbain au détriment du milieu naturel et des espaces agricoles productifs,
- la sur fréquentation touristique de sites sensibles,
- la surexploitation des parcours,
- la surexploitation des espaces forestiers, notamment pour le bois de chauffe et les essences médicinales
- la croissance de la demande en eau pour les usages agricoles, domestiques, touristiques et industriels face à une ressource limitée et déjà, pour certains territoires, en surexploitation,
- la pollution d’origine domestique, industrielle et agricole
- l’augmentation des risques : incendies, inondations, érosion.. induits directement ou indirectement par l’occupation et l’activité humaine