La région de Fès Boulemane présente une armature urbaine de configuration macrocéphale dans laquelle Fès occupe une position dominante. Troisième ville du Royaume de par son poids démographique après Casablanca et Rabat – Salé, la ville de Fès dépasse le seuil d’un million d’habitants. Capitale de la région, Fès concentre 60 % de la population totale de la région et 85 % de sa population urbaine. En dehors de Fès, l’armature urbaine de la région est réduite à des centres urbains d’inégale importance, mais dont un seul, Sefrou, dépasse le seuil de 100 000 habitants. Les autres centres Boulemane, Missour, Outat El Haj et Moulay Yacoub sont de taille réduite.
La ville de Fès concentre également l’essentiel des activités industrielles de la région : 96 % des effectifs employés, 93 % des unités industrielles, 97 % du chiffre d’affaires réalisé et 97 % de la valeur ajoutée. Ainsi, avec un effectif de 26 667 emplois industriels, dont 25 572 sont des emplois permanents, le secteur industriel occupe une position importante dans la ville.
Le poids dominant de Fès sur les plans démographique et économique renforce le déséquilibre entre la métropole régionale et les autres niveaux de l’armature urbaine et accentue la pression sur la ville pour l’accès à l’emploi, au logement, aux équipements et aux services de base. Le taux d’urbanisation de la région peut paraitre particulièrement élevé, estimé en 2008 à 73 % de la population totale contre 56 % à l’échelle nationale. En réalité, ce taux est essentiellement dû à celui de la Préfecture de Fès qui concentre 84 % de la population urbaine régionale, arrivant presque à saturation avec un taux de 98 % de la population préfectorale. Le taux d’urbanisation a certes augmenté dans les autres provinces de la région, mais pas suffisamment pour espérer un autre schéma de polarisation du territoire malgré une évolution significative depuis 1982, bien qu’encore inférieure à la moyenne nationale.
Le schéma de polarisation actuel montre une population urbaine importante concentrée à Fès (83 %) et à Sefrou (5 %) et le reste est réparti au sein de petits centres ne dépassant pas le rang de petite ville (20 000 habitants). L’indice de primatialité calculé sur la base des recensements précédents (82 /94 /04 et une estimation de 2012) montre que d’une part, la dominance est lourde avec un indice qui évolue entre 10 et 16 et que d’autre part la tendance est au renforcement de cette dernière et pose la problématique du déséquilibre du fonctionnement interne de la Région, induisant ainsi des disparités importantes entre les provinces.
La capitale régionale qui concentre à la fois la population, les activités et les équipements polarise le développement en créant des relations de dominance avec les villes satellites les réduisant à la fonction de « cités-dortoirs » pour les plus proches (extension naturelle de l’urbanisation l’agglomération) et de villes administratives « consommatrices de services » pour les plus lointaines.
Concernant l’attractivité des villes mesurée par leur importance culturelle et touristique, l’analyse multi critères du potentiel d’attractivité effectuée permet de déduire que les écarts sont assez importants, notamment entre :
- La ville de Fès : son attractivité est de loin la plus élevée dans la région, du fait qu’elle dispose d’un patrimoine culturel et touristique important. Néanmoins, au niveau des flux touristiques et de la durée du séjour une stratégie sera nécessaire axée sur l’intégration des sites extérieurs à la ville afin de permettre aux visiteurs et touristes de retrouver des circuits plus diversifiés et créer ainsi une nouvelle dynamique dans la ville de Fès et sur les autres sites de la région.
- La ville de Sefrou : son attractivité est essentiellement basse au niveau de l’importance du flux touristique, de la durée de séjour (assez courte) et du niveau des équipements touristiques (4 hôtels). La ville de Sefrou possède de nombreuses potentialités et un arrière pays riche, les efforts doivent s’orienter vers l’amélioration des équipements touristiques (hôtellerie, auberges, restauration) et à travers la création de nouveaux circuits dans la ville et en dehors.
- La ville de Moulay Yacoub : son score est essentiellement bas au niveau de la durée de séjour (assez courte), il convient d’étudier les possibilités d’intégrer en plus du thermalisme, des circuit d’éco-tourisme et de randonnées aux environs de la ville, de lui associer le site du barrage Sidi Chahed et d’édifier une vision globale et homogène du centre urbain (cachet architectural et urbanistique propre) comme destination d’un tourisme écologique et de santé.
- Les villes de Missour et Boulemane : l‘attractivité est particulièrement basse au niveau de l’importance des équipements touristiques (hôtels, restauration, auberges), du niveau assez bas des flux touristiques et de la qualité du produit mis en tourisme. Ces villes et leurs environs possèdent de nombreuses potentialités dédiées à un type de tourisme environnemental (gorges, grottes, montagnes, forêts, chasse…) et du terroir. Le développement de circuits thématiques de randonnée permettra de favoriser le développement d’un cachet particulier.

Profil touristique et culturel des villes de la région de fès boulemane
L’étude de l’environnement dans le cadre de la mesure de l’attractivité des villes de la région, à travers l’analyse multi critères du potentiel d’attractivité effectuée, permet de déduire que les profils environnementaux des villes sont assez homogènes et restent comparables.
- La ville de Fès : son score est bas dans le volet de la gestion des ressources naturelles, du niveau des pressions sur l’environnement et du facteur de risques d’inondations élevé.
- Sefrou : son score est essentiellement bas au niveau de l’assainissement, de la gestion des déchets solides (présence de 2 décharges sauvages) et du facteur de risque d’inondations élevé.
- Moulay Yacoub : son score est bas au niveau de la gestion des déchets solides.
- Missour : son score est bas au niveau de la gestion des déchets solides et des rejets d’eaux usées dans l’oued Moulouya.
- Boulemane : son score est bas au niveau de la gestion des déchets solides et des rejets d’eaux usées dans l’oued Atchane.

Profil environnemental des villes de la région de fès boulemane
L’attractivité économique des villes de la région est intiment liée à leur capacité à retenir les capitaux, la programmation et la réalisation de grand projets qui peuvent booster ces territoires et les aider à se promouvoir vers une certaine ouverture sur le régional, national et l’international. A la lecture des résultats de l’analyse multi critères (tableaux et profils correspondants), des écarts sont a noter, notamment entre :
- La ville de Fès : son attractivité est essentiellement forte dans le volet du niveau d’activité. La ville de Fès est le plus important pole économique et industriel de la région et même de la grande région qui va de Meknès à la frontière orientale. Ce rôle lui confère une forte attractivité que ce soit au niveau des investisseurs et la main d’œuvre. C’est aussi la capitale de l’activité artisanale, un atout majeur pour sa visibilité, à l’échelle nationale et internationale.
- La ville de Sefrou : son attractivité est relativement basse dans le volet du niveau d’activité. Sefrou, 2ème ville de la région, arrive à bien rayonner sur les communes urbaines et rurales de sa province (souk, commerces et industrie).
- La ville de Moulay Yacoub : Son attractivité est assez basse à tous les niveaux étudiés, dont le taux d’activité, les commerces, marchés, l’industrie et services.
- La ville de Missour : Son attractivité est moyennement basse pour le niveau d’activité, l’industrie et les services. Néanmoins, en tant que chef lieu de la province au niveau de son marché, la ville arrive à rayonner sur les communes limitrophes.
- La ville de Boulemane : Son attractivité est uniformément basse à tous les niveaux étudiés.

Profil économique des villes de la région de fès boulemane
La lecture des résultats de l’analyse multi critères (tableaux et profils correspondants) permet de déduire que l’indice d’attractivité au niveau des Equipements et infrastructures, varie beaucoup d’une ville à l’autre et que Fès se dégage très nettement sur ce plan :
- La ville de Fès : son attractivité est assez forte à travers sa position de capitale régionale, elle se doit donc d’abriter les équipements structurants dont le champ de rayonnement dépasse les frontières de la région (santé, enseignement et justice) ce rôle lui confère une forte attractivité. La ville bénéficie aussi d’une très bonne visibilité grâce un indice d’accessibilité élevé, de grands projets d’innovations et un secteur tertiaire supérieur en essor.
- La ville de Sefrou : son attractivité est relativement basse dans le volet des projets d’innovation. Elle arrive toutefois à bien rayonner sur des communes urbaines et rurales de sa province (santé et justice).
- Les villes de Moulay Yacoub, Missour et Boulemane : Leur attractivité est basse sur tous les plans. Seule Missour arrive à se détacher grâce à son statut administratif et aux équipements dont elle bénéficie à ce titre.

Profil équipements et infrastructures des villes de la région de fès boulemane
La lecture des résultats de l’analyse multi critères (scoring et profils correspondants) permet de déduire que l’indice d’attractivité au niveau du profil social, varie inégalement par rapport aux villes analysées ; les écarts sont assez importants notamment entre :
- La ville de Fès : son score est assez bas au niveau de la ségrégation spatiale, des conditions d’habitat et de l’équité sociale. Fès souffre d’un important déficit en matière d’habitat social réglementaire. La dégradation de certains tissus de la médina avec celle du bâti ancien pénalisent l’image de la ville entière.
- La ville de Sefrou : Son attractivité est moyenne à tous les niveaux étudiés.
- La ville de Moulay Yacoub : Son attractivité est relativement basse au niveau de la migration, son rayonnement est assez limité, la ville souffre aussi d’un manque au niveau des conditions d’habitat et du niveau général des services publics.
- Missour et Boulemane : L’attractivité est relativement basse au niveau de la migration, leur rayonnement est assez limité. Ces villes souffrent aussi d’un manque au niveau des conditions d’habitat et du niveau général des services publics.

Profil social des villes de la région de fès boulemane
La lecture des résultats de l’analyse multi critères (scores et profils correspondants), permet de déduire que l’indice d’attractivité au niveau du profil urbanité et développement durable, varie beaucoup d’une ville à l’autre ; les écarts sont notamment assez importants entre :
- La ville de Fès : son score d’attractivité est assez bas au niveau des maux sociaux, incluant le niveau de vulnérabilité et de pauvreté de la population dans les quartiers d’habitat insalubre.
- La ville de Sefrou : son score d’attractivité est assez bas au niveau de l’indicateur de la population urbaine, incluant le niveau de vulnérabilité et de pauvreté de la population dans les quartiers d’habitat précaire.
- La ville de Moulay Yacoub : son score d’attractivité est relativement bas au niveau de la migration, son rayonnement est assez limité, la ville souffre aussi d’un manque au niveau du fonctionnement urbain du niveau des projets de logement, de la diversification de sa base économique et de la circulation dans la ville.
- La ville de Missour : son score d’attractivité est assez bas au niveau des maux sociaux, incluant le niveau de vulnérabilité et de pauvreté de la population dans les poches d’habitat insalubre, de son système de fonctionnement urbain, de la diversification de sa base économique, du niveau de l’offre d’hébergement touristique, du niveau du cadre de vie et de la qualité de l’espace urbain.
- La ville de Boulemane : son score d’attractivité est assez bas au niveau de son équilibre spatial, du taux d’accroissement annuel de la population urbaine, de son système de fonctionnement urbain, de la diversification de sa base économique, du niveau de l’offre d’hébergement touristique, du niveau du cadre de vie et de la qualité de l’espace urbain.

Profils urbanité et développement durable des villes de la région de fès boulemane