Le diagnostic stratégique territorial de la région de Fès-Boulemane a permis d’expliciter les problématiques et de dégager des enjeux et des orientations préliminaires à plusieurs échelles :
- Des enjeux et orientations de niveau national qui ont trait à la place qu’occupe la région dans l’effort national de développement et à sa situation dans la structure territoriale nationale. Ces enjeux découlent également des
- dynamiques observées sur les territoires limitrophes et des impacts qu’ils peuvent avoir sur la région de Fès-Boulemane. Ces enjeux relèvent également des ambitions de la région et de sa capitale dans un contexte national caractérisé par une recherche de compétitivité et d’efficacité territoriale.
- Des enjeux et orientations de niveau régional qui concernent le fonctionnement interne de la région dans l’optique de la cohésion, de l’équité et de la complémentarité territoriale, et dont certains aspects participent à l’efficacité territoriale évoquée plus haut.
- Des enjeux et des orientations à l’échelle locale par sous-région qui se fondent sur les problématiques propres de fonctionnement de chaque territoire homogène à l’intérieur de la région. Ces territoires, définis grâce à une approche multicritères qui croise les données d’ordre physique, économique et social, requièrent des orientations spécifiques en termes d’aménagement et de développement.
ENJEUX ET ORIENTATIONS DE NIVEAU NATIONAL
Dans un esprit d’intégration nationale, et tenant compte de la situation de la région dans l’ensemble national et macrorégional, celle-ci devra ambitionner :
- d’accroitre sa part dans la production de la richesse nationale ;
- d’améliorer les liaisons entre le nord et le sud du pays et devenir un carrefour des échanges nationaux ;
- de faire émerger un produit touristique national axé sur la montagne et ses ressources.
- d’assurer une continuité et une cohérence de l’action publique sur les territoires de mitoyenneté ;
- de contribuer à la formation d’un axe national de développement allant de Meknès à Oujda, parallèle au littoral méditerranéen et appuyé sur ses ports ;
- de constituer avec Meknès une grande région urbaine capable de concurrencer les grandes agglomérations littorales ;
- d’assurer une gestion cohérente et équilibrée des grandes ressources en eau, des forêts et des bassins versants communs.
Ces impératifs d’intégration nationale et macro régionale se traduisent par les enjeux suivants :
Enclencher un véritable processus de métropolisation
La capitale régionale a tous les atouts en main pour enclencher un véritable processus de métropolisation et ériger la ville de Fès en un véritable pôle de croissance de niveau international. Pour arriver à cette fin, il faudra :
- Optimiser le schéma des échanges extra-régionaux pour profiter d’une liaison internationale efficace. Plusieurs options s’offrent à Fès pour s’affranchir des ports de l’Atlantique souvent éloignés et au réseau encombré : les ports de la Méditerranée sont ses débouchés naturels.
- Améliorer la connectivité numérique de l’agglomération et la hisser au niveau des meilleurs standards internationaux.
- Implanter une ou plusieurs technopoles, conférant une image de modernité à l’agglomération.
- Etendre le réseau ferroviaire vers le Sud (aéroport et Sefrou).
- Etablir avec l’agglomération de Meknès un agenda de projets à caractère métropolitain.
- Multiplier les motifs d’attractivité pour une catégorie sociale dont les besoins en services supérieurs sont non négligeables comme les logements de standing, des activités de loisirs riches et diversifiées et des activités culturelles de niveau international et ouvertes sur le monde.
Renforcer le rôle de la région dans l’économie nationale
La part de la région dans l’économie nationale est limitée et demeure le fait principalement de la ville de Fès. Cette part est amenée à augmenter une fois que Fès aura enclenché son processus de métropolisation. Mais cela sera insuffisant, il faudra que l’ensemble du territoire de la région participe à cet effort, car une bonne part de la richesse de la région provient des provinces voisines. A ce titre, il faudra consolider la cohésion territoriale et pour cela :
- Créer des déclinaisons régionales du système relationnel est-ouest, pour associer l’ensemble de la région à la dynamique économique de la métropole Fès.
- Délocaliser certaines fonctions non centrales de la ville de Fès vers les centres secondaires pour équilibrer l’armature urbaine.
- Renforcer les liaisons entre les villes du Sud (Midelt, Missour, Outat El Haj et Guercif) pour désenclaver la partie Sud de la région et l’ancrer sur le couloir de Taza.
- Mettre en place un système cohérent de transports et une offre forte et structurée pour accompagner les infrastructures existantes, essentiellement au centre et au sud de la région.
Renforcer les liaisons avec les régions voisines pour profiter des dynamiques qui y sont enclenchées.
Les régions limitrophes avec la région de Fès-Boulemane développent des projets qui peuvent être une opportunité pour désenclaver ou enclencher une dynamique de développement de certains territoires de la région. Ainsi, l’étude des visions développées dans les régions voisines permet de dégager les orientations suivantes :
- Renforcer la liaison Fès– Al Houceima en profitant du renforcement de la liaison Taounate – Al Houceima prévue dans le SRAT de Taza Al Houceima Taounate pour profiter d’une ouverture méditerranéenne aisée.
- Renforcer la liaison entre la zone rurale nord du Prérif et la ville de Karia Ba Mohamed érigée en pôle de développement pour le désenclaver.
- Créer et/ou consolider les liaisons entre Missour et Beni Tajight ainsi qu’entre Outat El Haj et Bouarfa, les deux villes de la RFB constituant les deux villes les plus importantes et les plus proches pour un immense territoire enclavé destiné au développement de l’activité de l’élevage.
- Créer ou consolider des percées entre les territoires enclavés sur les contreforts sud du Moyen Atlas et l’axe de développement Meknès/Errachidia dans la région de Meknès-Tafilalet.
- Intégrer, dans la vision de métropolisation de Fès, les stratégies de développement des territoires de Meknès-El Hajeb-Ifrane dans la région de Meknès-Tafilalet et Tissa-Tahla dans la région de Taza Al Houceima.
Sauvegarder les ressources naturelles nationales en les intégrant dans une vision de développement durable
Les ressources en eaux et en forêts de la région de Fès-Boulemane sont d’intérêt national, et leur préservation est un enjeu qui dépasse le cadre des considérations environnementales et écologiques pour toucher à l’économie nationale. Ainsi, pour la préservation de ces ressources, il faudra :
- Intégrer l’aménagement du Moyen Atlas dans le cadre d’une véritable vision de développement durable, et ce, en favorisant les activités respectueuses de l’environnement (tourisme de niche, agriculture de terroir, artisanat…).
- Aménager des décharges contrôlées et mettre en place une stratégie régionale pour la collecte, le transport et la décharge des déchets ménagers et industriels.
- Aménager de manière systématique des stations d’épuration dans les villes et les centres urbains.
- Protéger les nappes alfatières, véritable barrière contre l’avancée de la désertification.
ENJEUX ET ORIENTATIONS DE NIVEAU REGIONAL
Ces enjeux et orientations sont complémentaires des enjeux d’intégration nationale dans la mesure où ils contribuent à améliorer l’efficacité et la compétitivité territoriale régionale. Cependant, ils intègrent les préoccupations d’équité sociale et de cohésion territoriale, véritables enjeux transversaux de toute action d’aménagement et développement durables au Maroc.
Ces enjeux sont :
Accélérer le processus de métropolisation du bipôle Fès – Meknès
Tirer avantage de l’élan de Fès pour moderniser et dynamiser l’ensemble de l’économie urbaine régionale
La capitale régionale concentre le gros de la population, des activités et des services. Par sa position, sa taille, son histoire et son statut administratif, elle concentre tous les avantages comparatifs de localisation pour les entreprises, laissant dans son sillage des villes en situation de stagnation démographique et économique qui ne jouent qu’un rôle d’encadrement administratif pour des territoires ruraux en perte de vitesse. Dans l’objectif de dynamiser ces villes et territoires, il faudra veiller à la diffusion du développement de Fès et pour cela :
- renforcer les liaisons interurbaines notamment par des infrastructures et des moyens de transport lourd ;
- diffuser le développement de la capitale vers les villes de l’aire métropolitaine (Bhalil, Sefrou et Moulay Yacoub) dans une logique de complémentarité, notamment en ce qui concerne l’artisanat, le tourisme, l’habitat, les loisirs et les services ;
- renforcer le rôle économique, culturel et d’encadrement des villes du Sud de la région (Missour et Outat El Haj) pour dynamiser l’ensemble du territoire enclavé au sud du Moyen Atlas : formation, services moyens et supérieurs, foncier.
Valoriser la diversité des territoires et l’ancrage historique pour dynamiser l’économie rurale traditionnelle
Le monde rural de la région regorge de potentialités grâce à la diversité des territoires et à l’ancrage historique de ses activités ancestrales. Cependant, à cause de l’enclavement physique et intellectuel, l’activité rurale traditionnelle est restée emprisonnée dans des pratiques peu productives. Pour dynamiser ce territoire et éviter son décrochage, il faudra notamment veiller à :
- retenir la population rurale, notamment les jeunes actifs en offrant de l’emploi, des services et des loisirs accessibles et efficaces. Cela passe par la structuration du territoire rural (voir plus loin), mais également par l’amélioration du transport et de la connectivité ;
- assurer l’accompagnement des jeunes dans la création d’entreprises modernes viables en offrant une formation, un encadrement, un foncier et des infrastructures adaptées aux activités rurales. Cela passe également par la structuration du territoire ;
- protéger les ressources rurales contre les dégradations. C’est notamment le cas des terres péri-urbaines confrontées à l’expansion des villes et aux pollutions, ou des terres fertiles exposées au morcellement et à l’occupation diffuse et dense au nord et au sud de la région.
Structurer le milieu rural pour endiguer le dépeuplement
Les problématiques du monde rural de la région ont pour causes directes ou indirectes l’enclavement. L’enclavement physique est dû à l’absence ou à la mauvaise qualité des infrastructures de transport, mais également à l’éloignement par rapport aux petites villes qui fournissent les services publics, et aux grandes villes, espaces de dynamisme social, économique, culturel et intellectuel. Cet enclavement physique se traduit par un enclavement social (culturel) entrainant le milieu rural dans une spirale de reconduite de pratiques et d’usages anachroniques. Le désenclavement et l’équipement des populations, conditions nécessaires pour endiguer le dépeuplement du monde rural, passent dorénavant par :
- le regroupement progressif de la population autour de noyaux villageois structurés, accessibles et équipés de services de qualité ;
- des encouragements en direction de la population, notamment jeune, pour se regrouper dans ces centres : foncier aménagé, zones d’activités et artisanales, formation professionnelle, micro crédits, encadrement entrepreneurial, etc. ;
- la valorisation du potentiel touristique rural par la mise en place d’une stratégie intégrée.
Favoriser la cohésion territoriale pour désenclaver et dynamiser les territoires enclavés
Il a été montré que plusieurs pans du territoire régional en sont détachés sur le plan de la dynamique économique et sociale. Par endroits, seul le lien administratif reste vivace. Cette absence de cohésion territoriale est préjudiciable à plus d’un titre : économique, identitaire et autre. La détermination des limites administratives du pays est une donnée de base que l’aménagement du territoire peut moduler dans un objectif de recomposition territoriale. Sans en arriver là et dans l’attente de la mise en place du nouveau découpage devant accompagner la régionalisation avancée, il est possible par des actions limitées de corriger certains dysfonctionnements constatés :
- renforcement des liaisons entre Fès et le couloir de la Moulouya, et avec les communes du nord de Moulay Yacoub ;
- mise en œuvre de projets de développement communs avec les communes périphériques des régions voisines ;
- gestion partagée des grands écosystèmes.
ENJEUX ET ORIENTATIONS DE NIVEAU LOCAL
Les orientations nationales et régionales développées plus haut sont épaulées par des enjeux et orientations par sous-région homogène. L’analyse multicritères menée au niveau de la région a en effet permis de dégager 5 sous-régions en tant qu’espaces à devenir lié : le Pré Rif, le couloir de métropolisation, l’agglomération de Fès, le Moyen Atlas et la Moulouya.
Le Prérif
Au Nord de Fès, longeant la rive sud de l’Oued Sebou, cette sous-région enregistre le plus bas score en termes de potentiel de développement économique. Malgré un potentiel en irrigué et l’existence de deux barrages (Idriss 1er et Sidi Chahed), cet espace est marqué par la pauvreté et de faibles indices de développement humain. C’est un espace répulsif (en termes démographiques) qui souffre de difficultés d’accès et de déficits de services publics de moyen niveau. L’habitat y est fortement dispersé à l’Est et groupé en une multitude de petits villages à l’Ouest. Cet espace requiert pour son développement :
- l’amélioration générale des routes et des pistes ;
- le traitement des eaux polluées en amont de l’Oued Sebou et de l’oued Mikkes ;
- le désenclavement de la commune de Louadaine.
- le développement de l’irrigation de la zone de Mikkes et de Sebt Loudaya à partir du barrage Sidi Chahed.
- le développement de la production de la viande blanche dans la zone de Louadaine.
- l’amélioration des parcours essentiellement à Sebt Loudaya.
- l’implantation d’unités de stockage et de conditionnement à proximité des zones de production de câpres et de l’huile d’olive.
- la création de centres de formation professionnelle dans les zones de développement agricole, dans les métiers de l’élevage laitier moderne, de l’irrigation.
- des travaux de conservation des eaux et des sols (CES).
Trois espaces de projets devant servir de support à l’identification des programmes et projets sont proposés :
- le Prérif Est, composé des communes Oulad Mimoun, Louadaine et Ain Bouali ;
- le Prérif central qui regroupe les communes de Laajajra et Sidi Daoued ;
- le Prérif Ouest qui comprend les communes de Sebt Loudaya et Mikkes.
Le couloir de métropolisation
Sur la plaine du Sais, cette sous-région enregistre de bons scores en termes de potentiel de développement économique. Entourant la ville de Fès, c’est un espace traversé par le corridor national est-ouest occupé par d’importants axes de liaison : autoroute, route nationale et rail. C’est l’espace d’extension du Grand Fès avec lequel il entretient de fortes relations fonctionnelles. Caractérisé par une bonne accessibilité et de bonnes conditions de vie de la population, c’est un espace dynamique et attractif où la population souffre peu de la pauvreté. Le couloir de métropolisation intègre également le piémont Nord du Moyen Atlas : espace accessible avec un bon niveau de desserte en routes nationales et régionales, mais qui présente des potentialités de développement contrastées avec des espaces forestiers à l’extrême Est et l’extrême Ouest et des potentialités en irrigué au centre. La population y est relativement dispersée, localisée principalement autour des villes satellites de Fès : Imouzzer Kandar, Sefrou, Bhalil et Moulay Yacoub. Le développement de cet espace appelle à :
- rationaliser l’exploitation des eaux conventionnelles et envisager l’utilisation des eaux d’épuration.
- réaliser des dispositifs d’épuration des eaux usées d’origine urbaine.
- limiter l’usage des engrais et des pesticides.
- restructurer le schéma des échanges (route, voie ferrée et télécommunications).
- créer une plate forme logistique à proximité de l’aéroport et l’autoroute.
- transférer des fonctions de la métropole et encourager l’implantation d’activités industrielles et artisanales dans les villes de la sous-région (hors Fès).
- assurer des liaisons routières transversales dans la sous-région pour ne pas engorger Fès par des flux de transit et être en mesure d’établir des relations de complémentarité entre les villes et villages.
3 espaces de projets à problématiques homogènes sont proposés :
- la plaine de Saïs composée des communes avoisinantes de la métropole Fès, qui sont : Sidi Harazem, Ain Bida, Oulad Tayeb, Ain Cheggag, Ain Chkef, Sebâa Rouadi et la commune urbaine de Moulay Yacoub.
- le piémont Nord du Moyen Atlas : regroupe les communes rurales d’Ait Sebaa Lajrouf, Kandar Sidi Khiar, Aghbalou Aqorar, Sidi Youssef Ben Ahmed, Azzaba, Mtarnagha et Ain Timguenai, ainsi que les communes urbaines d’Imouzzer Kandar, Bhalil, Sefrou et El Menzel
- le Prérif Nord Est : se compose des communes rurales d’Ain Kansara, Ras Tabouda et Bir Tam Tam.
L’agglomération de Fès
La ville de Fès est une capitale régionale et un pôle d’attractivité qui regroupe tous les atouts lui permettant de jouer un rôle primordial dans le développement économique régional et national. En tenant compte des orientations stratégiques et des politiques publiques en vigueur dans l’ensemble des secteurs influant sur le devenir des villes de la région et celles relatives à l’agglomération de Fès, une première formulation des objectifs se présente ainsi :
- La primatialité de Fès est un phénomène incontournable qui va s’accentuer et il faudra composer avec : de l’état de l’agglomération de Fès dépend directement celui de l’ensemble de sa région.
- Le processus de métropolisation est tout juste naissant pour Fès et il devrait associer de plus en plus l’agglomération de Meknès et les villes petites et moyennes gravitant autour du bipôle.
- Le fonctionnement de l’agglomération de Fès fait de plus en plus appel aux communes urbaines voisines comme ressource (eaux, sols…), comme « décharge » de certaines fonctions et comme relais. Il importe d’éviter la multiplication des cités-dortoirs dans ces communes périphériques et de s’orienter vers une forme de développement intégré, associant l’emploi, l’habitat, les services de base et supérieurs, la formation professionnelle, etc.
- Les liaisons et infrastructures entre les villes sont en deçà du potentiel d’échange et manquent notamment de transport de masse. La complémentarité entre le chef-lieu métropolitain et les communes périphériques ne pourra être pleinement opérante qu’avec l’amélioration du système de transport régional qui devra s’orienter vers la multi modalité pour tenir compte des besoins en déplacements, des moyens des populations et des spécificités de terrain.
- La protection de l’environnement en milieu urbain est un vecteur central de la compétitivité territoriale, car la plus grande part des nuisances provient des villes qui prennent dans le milieu naturel les ressources dont elles ont besoin : eaux, sols, air, espaces naturels pour les loisirs, matériaux de construction, etc. alors qu’elles ne renvoient au milieu naturel que des nuisances portées par l’air, les oueds, les décharges, etc. Il s’agit là d’une relation de « prédation » dont Fès devra se départir pour gagner en attractivité à travers l’amélioration du cadre de vie et la préservation de la durabilité des ressources naturelles. Les actions internes pour y améliorer les conditions environnementales incluent :
- une mise à niveau des points noirs environnementaux (pollution d’oueds, de nappes, quartiers insalubres, zones inondables, décharges sauvages).
- la requalification des espaces urbains publics et la mise à niveau des espaces verts aménagés.
- L’état de l’agglomération de Fès et son économie dépendent dans une large mesure du bon niveau de préservation du patrimoine médinal, de la mise à niveau des tissus centraux (accessibilité, axes structurants, façades urbaines) et des entrées de ville.
- Les limites des programmes de réhabilitation des Médinas et tissus historiques dans la course à la montre (perdue d’avance) engagée avec l’accélération de la dégradation du cadre bâti imposent un recentrage de la vision, des objectifs et des moyens de la sauvegarde : se poser de nouveau la question de savoir ce qu’il faut préserver dans la médina.
- Le renversement des flux migratoires avec la médina apparaît dans tous les cas de figure comme une condition première de sa sauvegarde. Les projets et programmes de dédensification et de relogement devront notamment pour être efficients :
- concerner la région entière et les villes périphériques où il s’agira de créer au préalable les conditions d’accueil adéquates ;
- se fonder sur le volontariat et prévoir suffisamment d’incitations pour les familles (dans toutes leurs composantes) et pour les travailleurs ;
- délocaliser en parallèle les emplois notamment dans l’artisanat ;
- impliquer les professionnels artisans ;
- mener très vite sur les espaces récupérés des opérations destinées à améliorer l’état général de l’environnement.
Le Moyen Atlas
C’est un territoire à faible potentiel de développement, marqué par une topographie difficile et souffrant de grands problèmes d’enclavement notamment dans sa partie Est. Occupé essentiellement de forêts et présentant des fortes pentes de terrain, il abrite néanmoins un bon potentiel en irrigué autour de Guigou à l’Est. Ces conditions font que, dans l’ensemble, c’est un espace où la population souffre de la pauvreté et que, malgré de bons scores en termes d’accès aux services publics de base, il reste répulsif. Son développement appelle à :
- accompagner la tendance au regroupement de la population rurale par la promotion et le renforcement des petites villes et des centres ruraux émergents en les dotant d’équipements, l’infrastructure et de base économique ;
- limiter l’exode rural par l’amélioration de l’accès aux services publics et la création d’activités génératrices de revenus ;
- réduire le déséquilibre du réseau urbain par la promotion de villes relais dans les provinces à dominante rurale ;
- diversifier l’économie vers des activités non agricoles, le soutien à la création et au développement de microentreprises, l’encouragement des activités touristiques et la protection, la valorisation et la gestion du patrimoine naturel contribuant à un développement éco durable essentiellement ;
- améliorer la qualité de vie en milieu rural par la restructuration des villages, la préservation et la mise en valeur du patrimoine rural ;
- développer la formation professionnelle des acteurs économiques, dont la femme rurale ;
- favoriser l’acquisition des compétences en vue de la conduite de projets de développement ;
- initier la création de villages ruraux intégrés (greffés sur des noyaux existants), bien équipés et bien organisés pour faire appel à la population à travers le développement du transport. Ceci ne peut être fait sans l’amélioration de l’accessibilité et des actions permanentes d’entretien des routes. Ces centres émergents rayonnent sur 10 km, distance maximale à parcourir en zone de montagne pour des besoins journaliers.
Trois espaces de projets sont proposés pour la sous-région :
- la haute montagne composée des communes de Ighezrane, Dar El Hamra, Adrej, Tafajight, Talzemt et Oulad Ali Youssef ;
- la zone centrale regroupe les communes d’Oulad Mkoudou, Sidi Lahcen, Tazouta et Skoura M’Daz ;
- le piémont ouest se compose des communes Ait Bazza, Imouzzer Marmoucha, Ait El Mane, El Mers, Boulemane, Guigou et Laanoussar.
La Moulouya
C’est un territoire relativement enclavé pénalisé par sa faible intégration régionale. Malgré un potentiel agricole autour de l’Oued Moulouya, c’est le territoire qui enregistre les plus bas scores en termes de conditions de vie de la population qui souffre de l’enclavement combiné à l’éloignement et à l’absence de services publics de niveau supérieur. C’est un territoire marqué par de très grandes étendues inhospitalières (nappes alfatières) et où la population est exclusivement implantée le long de la Moulouya et de la RN 15 autour des zones fertiles dans des villages qui enregistrent une faible dynamique démographique. Le développement de cet espace appelle à :
- aménager des routes d’accès aux territoires enclavés à l’est d’Enjil et au sud de Ksabi Moulouya ;
- créer des accès à partir de la N15 vers les zones de peuplement le long de la Moulouya ;
- améliorer l’accès aux services moyens et supérieurs et favoriser les échanges des biens, des personnes et des marchandises en créant un réseau de transport performant et viable qui relie les centres/villages ruraux aux villes de la région ;
- généraliser l’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication ;
- structurer le territoire autour de villages accessibles, équipés et renfermant des services publics et des activités économiques rentables, fiables et viables ;
- diversifier l’économie urbaine :
- Missour, chef-lieu de la province continuera à jouer un rôle administratif d’encadrement. Cette fonction devra être complétée par un rôle d’intégration régionale et nationale par la diffusion culturelle et intellectuelle. Espaces culturels, foires agricoles, animation… qui font défaut à l’ensemble de la province seront une des portes d’entrée à cette intégration. L’attractivité de la ville passe également par l’amélioration de la qualité de vie et une offre foncière d’un standing suffisant pour attirer les jeunes diplômés et inverser le sens des migrations.
- Outat El Haj est au centre d’un vaste territoire enclavé à fort potentiel agricole, mais surtout pastoral. Son développement passera par la création et le développement d’une filière « viande » qui commandera un territoire qui va de la Moulouya jusqu’au sud de l’Oriental. Tout reste à faire pour le développement industriel de cette filière : recherche et développement, transformation et valorisation, logistique… et Outat El Haj a tous les atouts pour devenir le support de l’ensemble de ces activités.
- intégrer la sous-région dans un processus de développement durable par :
- le développement de filières agricoles respectueuses des spécificités locales. Les produits du terroir notamment ceux auxquels peuvent être trouvés des débouchés industriels et commerciaux : plantes aromatiques et médicinales, miel…
- la protection des nappes alfatières et des parcours contre la surexploitation et la recherche de nouveaux débouchés et/ou de nouvelles pratiques respectueuses de l’environnement : recherche, aménagement, encadrement
- la protection de la ressource hydrique déjà fragilisée contre le surpompage des nappes et la pollution des eaux de surface notamment par les déchets urbains et industriels en généralisant les techniques d’irrigation économes et en équipant les milieux urbains ainsi que les nouveaux villages intégrés de stations d’épuration et de décharges contrôlées. Pour ce dernier point, une coopération intercommunale pourra être instaurée pour la collecte, le transport et le dépôt des ordures ménagères.
- la valorisation de l’énergie renouvelable, notamment solaire pour dynamiser l’économie locale. Outat El Haj pourra bénéficier pour le développement de son industrie d’un apport considérable en énergie solaire à produire sur la commune de Tissaf.
Trois espaces de projets sont proposés pour la sous-région :
- Le piémont sud du Moyen Atlas, composé des communes d’Enjil, Serghina et Almis Marmoucha.
- La vallée de la Moulouya Ouest, composée des communes de Ksabi Moulouya, Ouizeght, Sidi Boutayeb et Missour.
- La vallée de la Moulouya Est, composée des communes d’Ermila, El Orjane, Tissaf, Fritissa et Outat El Haj.
ETAPES A VENIR
Le diagnostic stratégique, territorial a permis de développer des orientations préliminaires d’aménagement et de développement pour la région de Fès-Boulemane. Ces orientations, qui restent à approfondir et à traduire en termes de programmes et de projets lors de la prochaine phase de l’étude, posent les fondements de la vision pour la région : une région ambitieuse qui prend appui sur sa situation géographique, son histoire et ses potentialités territoriales pour redevenir attractive et compétitive.
L’approche multi scalaire adoptée a permis d’énoncer la dimension et les problématiques tout à la fois internationales, nationales, macrorégionales et locales du devenir de la région. Sur toutes ces échelles, le rôle de l’Etat et de la gouvernance régionale apparaît comme déterminant pour faire face aux grands blocages régionaux et locaux qui sont :
- dus à des conditions naturelles contraignantes,
- liés au poids de l’histoire du peuplement,
- marqués par un déficit d’initiatives des acteurs privés locaux,
- générés par la faiblesse des ancrages avec les grands pôles nationaux.
Les efforts des pouvoirs publics sont notamment requis pour aider les plus déshérités, aménager le territoire et mobiliser les acteurs publics et privés dans le cadre de synergies territoriales mises en place par le SRAT.
Cette approche a également permis de définir des espaces de projets, porteurs de problématiques spécifiques et qui requièrent, de ce fait, des programmes et actions spécifiques de développement et d’aménagement. Ces actions seront articulées autour d’un « projet local de territoire » fédérateur qui galvanise les efforts de plusieurs communes à travers des montages intercommunaux viables et fiables. Ces projets locaux de territoires seront définis et affinés lors des séances de concertation. Mais d’ores et déjà, un certain nombre d’actions locales ont émergé du diagnostic et peuvent servir de support au débat.
Ce qui est présenté ici est un matériel destiné à prolonger le débat, déjà amorcé par un grand nombre de rencontres, dans le cadre d’ateliers de concertation qui vont valider la vision de développement et d’aménagement régional et l’identification des espaces de projets. Les programmes d’intervention sur ces espaces de projets seront approfondis lors de la prochaine étape de même que le programme d’action régional intégré, répondant aux enjeux nationaux et régionaux identifiés.
bonjour
le partage de ces documents est une initiative louable.
J’ai visité la région de ksabi moulouya,il y’a vraiment une grande pénurie ene eau d’irrigation.il serait vivement souhaitable d’installer des barrages culinaires pour réunir les eaux des pluies qui peuvent alimenter la nappe d’eau qui ne dépasse même pas 20 mètres. Et merci pour votre écoute