Peuplement et société
Le bilan sectoriel en matière de développement humain a permis d’identifier :
- la distribution spatiale de la population et son évolution ;
- la dynamique démographique dans la phase de transition ;
- les densités de population et leurs tendances ;
- le phénomène d’urbanisation et ses conséquences ;
- les aspects liés aux comportements démographiques et leurs impacts sur les besoins en services, emplois, terrains à urbaniser, etc.
La population est soumise à des mutations sociales structurelles liées à l’évolution du mode de vie en milieu urbain et rural. L’amélioration des conditions de vie des populations de la région et la résorption du déficit social et des disparités spatiales par l’accès des populations aux équipements sociaux de base, l’amélioration des conditions d’habitat et de vie, la poursuite de l’action sociale (INDH et autres partenaires) constituent une préoccupation permanente des responsables et un des objectifs de l’étude du SRAT.
Les enjeux et tendances suivants ont été relevés :
Le vieillissement
Le gain en années de vie, du fait de l’amélioration de l’espérance de vie, fera que les personnes âgées vivront plus longtemps, que les familles avec trois générations seront plus nombreuses et de plus en plus fréquentes. Cette tendance induira donc que les personnes âgées seront associées aux membres de la famille, alors que les transformations sociales, économiques et la mobilité géographique des jeunes agiront sur les comportements et les aspects de la vie familiale, et notamment sur les traditions qui permettaient la co-résidence des parents et des enfants. Le phénomène aggravé par l’exode touche davantage les communes rurales de la région.
Une nuptialité de plus en plus tardive
Au cours des décennies écoulées, le recul de l’âge du premier mariage a été marquant dans les changements de comportement de la société, ceci étant valable pour les hommes comme pour les femmes. Ce recul a été favorisé par la généralisation de l’éducation et l’extension de l’urbanisation, toutes deux ayant aidé à la modernisation de la société, en particulier envers la femme. Ce phénomène est à mettre en relation avec le recours accru aux moyens contraceptifs. La prévalence contraceptive est plus élevée en milieu urbain (65.5 %) qu’en milieu rural (59.7 %), mais avec peu d’écart.
La baisse de l’analphabétisme
Le taux d’analphabétisme global a diminué passant de 40,4 % en 2007 à 37,9 % en 2012. La baisse a touché les femmes puisque le taux d’analphabétisme des femmes était de 26,5 % et celui des hommes, de 13,7 % en 2004. L’alphabétisation progresse d’année en année, bénéficiant à une proportion croissante de femmes adultes.
L’urbanisation et la mobilité interne
La dynamique démographique ne s’est pas opérée d’une manière uniforme sur l’ensemble territorial de la région. Elle a touché plus le milieu urbain avec le constat suivant :
- une croissance urbaine importante de la ville de Fès, notamment en périphérie, par extension du périmètre urbain ;
- la contribution de l’exode rural dans l’accroissement démographique urbain est actuellement en baisse ;
- les efforts de développement du monde rural (électrification, alimentation en eau potable, réalisation des équipements sociaux de base et désenclavement) y ont permis une rétention relative de la population rurale par les campagnes ;
- le développement des moyens de communication et de transport et la diffusion de l’information (média et le téléphone) engendrant une modernisation progressive des comportements ;
- les villes, et en particulier Fès, se développent sur des espaces ruraux (aux dépens de l’espace agricole) à travers l’extension de leur périmètre urbain et l’affectation du foncier mobilisé et aménagé pour la dé densification des tissus anciens et la délocalisation des activités.
La mobilité spatiale et la dynamique démographique
La population de la région se caractérise par des disparités géographiques importantes et croissantes de peuplement :
- La préfecture de Fès abrite 63.0 % environ de la population de la région, alors que 9 habitants sur 100 résident dans la province de Moulay Yacoub et 11 habitants sur 100 résident dans la province de Boulemane qui s’étend sur 71 % du territoire régional. 15.7 % de la population résident dans la province de Sefrou qui occupe la seconde position.
- La préfecture de Fès, dont le poids est de loin le plus fort, présente le taux d’accroissement le plus élevé.
L’évolution des diverses structures de la population
La structure par âge a progressivement évolué suite aux différentes phases de la transition démographique observée dans la région à travers ses composantes que sont la natalité, la mortalité et les mouvements migratoires. A plus long terme, la transition engendrera des effets sur la structure des ménages, les types d’habitat, les équipements sociaux, la scolarisation et l’emploi. Malgré la baisse tendancielle observée, de la dynamique démographique dans les deux milieux, la croissance future de la population des différentes catégories d’âge induira des besoins dans l’ensemble des domaines et en particulier socio-économiques que devra prendre en charge le développement de la région et de l’ensemble du pays.
Les tendances démographiques
Les estimations effectuées donnent à l’horizon 2030 :
- une population totale de 2 102 000 habitants dont 1 647 000 habitants en milieu urbain et 455 000 en milieu rural ;
- la population en âge de travailler s’élèvera à 1280 000 personnes ;
- la catégorie des personnes âgées représentera 15,3 % ;
- le ratio relatif aux personnes âgées par actif potentiel passera de 0,128 pour 10 à 0,25 pour 10 entre 2004 et 2030.
Pauvreté et disparités territoriales
La région de Fès-Boulemane est touchée par deux types de pauvreté :
- La pauvreté urbaine : essentiellement à Fès qui est marquée par une double concentration : de fortes densités résidentielles dans les quartiers populaires et le tissu médinal et une concentration des activités avec tous ses impacts sociaux, économiques et environnementaux.
- La pauvreté dans le milieu rural : du fait de l’absence d’offre diversifiée d’activité, d’un enclavement physique, de conditions géographiques rudes et d’une dispersion démographique sur le territoire, les communes rurales ne parviennent pas ou difficilement à maintenir leur population, qui migre vers les grandes villes à la recherche de meilleures conditions de vie.
La région de Fès-Boulemane fonctionne en deux systèmes juxtaposés avec des richesses inégalement réparties. Un meilleur maillage du territoire est aujourd’hui une préoccupation importante du SRAT, dans l’objectif de minimiser les disparités sur le territoire. La métropole Fès doit externaliser une part de son développement vers le reste du territoire de la région.
Services de base, besoins sociaux :
Le secteur de la santé
Le secteur de santé dans la région enregistre des ratios de desserte satisfaisants par rapport à la moyenne nationale. Portée par son statut de centre hospitalo-universitaire, l’agglomération de Fès tire l’ensemble des indicateurs de la région et offre une gamme de services médicaux de haut niveau. Les performances globales sont à l’image des moyens mis en œuvre et se traduisent au niveau régional par une situation épidémiologique maitrisée et des performances satisfaisantes des différents programmes de la santé. Cependant, le secteur souffre de déséquilibres territoriaux très importants avec :
- Un bassin de desserte des infrastructures de l’agglomération de Fès très vaste, couvrant une grande partie des régions limitrophes de Taza El Houceima et de Meknès Tafilalet.
- Une desserte défavorable en services hospitaliers et de soins de base dans la zone centrale du Moyen Atlas.
- Des ressources humaines installées majoritairement en milieu urbain (Fès).
- Une offre en médecine spécialisée publique et privée implantée à presque 95 % à Fès.
- La persistance de poches de maladies essentiellement liées aux conditions de l’habitat et de l’environnement.
Le secteur de l’enseignement
Dans l’ensemble, la région évolue favorablement vers l’atteinte des objectifs sectoriels de l’enseignement de base. Moyennant quelques investissements et poursuivant la politique actuelle de déploiement, d’ici quelques années la région sera totalement couverte par les équipements scolaires. Néanmoins, ce déploiement gagnerait en efficacité s’il est accompagné de mesures complémentaires telles que :
- l’amélioration de la qualité d’accueil des élèves dans les écoles primaires et des conditions de travail des enseignants dans les régions rurales (généralisation du branchement à l’eau potable, à l’électricité et aux moyens de communication et par une stratégie globale de pérennisation des postes par l’amélioration des conditions de transport et d’hébergement des enseignants) ;
- la généralisation et l’amélioration de l’efficacité du transport scolaire pour les niveaux secondaires, et ce, dans une optique de mutualisation des ressources et des moyens intercommunaux ;
- la promotion de l’excellence dans l’enseignement de base par la création d’établissements intégrés intercommunaux qui prennent le relais des établissements de proximité.
Le secteur de l’eau potable
La région de Fès-Boulemane présente un risque de vulnérabilité des ressources en eau en rapport avec les aléas climatiques, l’irrégularité des apports, l’évaporation, les pertes extérieures et l’envasement des barrages. A ces risques, s’ajoutent des pressions réelles et intenses, liées aux facteurs anthropiques à savoir l’intensification des pompages, les rejets sans traitement préalable dans le milieu naturel. L’importante évolution démographique et le lancement de nouveaux projets qu’a connus la région sont à l’origine de pressions importantes sur les ressources en eau autant sur le plan quantitatif que qualitatif.
Les besoins en eau de la ville de Fès et ses environs, principal consommateur d’eau potable dans la région, sera assuré grâce à un ambitieux programme de renforcement de l’alimentation en eau potable lancé par l’ONEP visant à sécuriser à court, moyen et long termes l’alimentation en eau potable du bipole Fès-Meknès et du milieu rural avoisinant.
Le secteur de l’assainissement
L’assainissement liquide est un des principaux enjeux de la durabilité du développement de la région. Les rejets non traités sont une source de nuisances et de pollution qui affectent les ressources en eau, qui touchent à la santé publique et à l’hygiène et qui pénalisent l’image de la région et de ses villes.
Plusieurs projets sont déjà à l’étude dans la région et, pour certains, en phase de réalisation tels que la station d’épuration des eaux usées de la ville de Fès, initiée par la RADEEF. Par ailleurs, l’ONEP pilote la réalisation des travaux de réseau de collecte et de station d’épuration de la commune d’Immouzer Marmoucha et dans 5 communes urbaines (Immouzer Kandar, Missour, Ribat El Kheir, Boulemane et El Menzel) et deux communes rurales (Guigou et Ain Cheggag).