LE SRAT DE LA REGION DE FES BOULEMANE

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Téléchargement des documents complets de la phase 3 de l’étude

FES BOULEMANE EN 2040 : UNE REGION DYNAMIQUE, ATTRACTIVE ET COMPETITIVE

Dans 25 ans, la région Fès-Boulemane a vocation à être « une région ambitieuse qui prend appui sur sa situation géographique, son histoire et ses potentialités territoriales pour redevenir attractive et compétitive ». Elle est composée d’une grande ville, d’un hinterland dynamique et plurifonctionnel, et d’espaces éloignés à écosystèmes spécifiques à préserver. Les particularités de chacun de ces territoires sont valorisées, et leur diversité les rend complémentaires.

A la base de la vision d’aménagement de ce territoire se trouve la promotion de la capitale régionale Fès comme principal moteur d’un processus de métropolisation. Cette construction d’un ensemble métropolitain constitue le projet phare du SRAT dont les effets induits :

  • amorceront une dynamique de développement économique et social de l’agglomération et de son hinterland,
  • structureront l’espace régional,
  • diffuseront le développement vers les espaces les plus retirés de la région.

La région de Fès-Boulemane est en effet centrée sur sa capitale qui cherche à s’ériger en métropole, en association avec Meknès (région Meknès-Tafilalet), et regroupant tous les atouts lui permettant de jouer un rôle essentiel dans le développement économique régional et national. Ce grand espace métropolitain bipolaire composé de Meknès et de son arrière-pays, de Fès et de ses centres d’appui que sont Sefrou-Bhalil, Imouzzer Kandar, Moulay Yacoub et El Menzel, ainsi que des terres agricoles et périurbaines qui les séparent, vise à se positionner dans l’espace national comme un pôle majeur de développement.

L’espace métropolitain ainsi formé constitue une aire fonctionnelle intégrée regroupant des territoires où les infrastructures, équipements et investissements sont répartis sur la base des opportunités spatiales. L’implantation des activités et équipements sur les espaces les plus adaptés au sein de la ville mère et de l’aire métropolitaine conduit à l’émergence de nouvelles centralités polyfonctionnelles. Cela permet d’une part de délester Fès en vue d’améliorer son fonctionnement interne, et, d’autre part, de donner aux villes de l’aire métropolitaine la possibilité de profiter d’une dynamique de développement viable.

Les espaces naturels, de grande envergure au sein de l’aire métropolitaine comme de plus petite taille à l’intérieur des villes, sont préservés et valorisés. La mise en place de politiques et de structures adaptées, une meilleure gestion des ressources et une sensibilisation sur le sujet permettent une répartition claire des espaces entre milieux agricole et urbain, une utilisation raisonnée de l’eau et une baisse de la pollution. La production agricole est également en meilleure adéquation avec les disponibilités en ressources et les besoins de la métropole. La métropole bénéficie donc d’un réseau écologique, de politique de préservation des milieux naturels et de limitation de la pollution. Urbanisation et activités agricoles y cohabitent bien.

Par ailleurs, l’accessibilité de la métropole doit être excellente par des liaisons nombreuses et variées avec les littoraux atlantique et méditerranéen, le reste du Maghreb, mais aussi avec le reste de la région. En son sein, des réseaux de transports régionaux rapides doivent relier les villes entre elles, et les transports en commun à l’intérieur de Fès se doivent d’être efficaces et accessibles. Par ailleurs, les différents types de transports seront interconnectés, créant des lieux d’échanges et de synergie intermodale.

Au sein de la métropole, tout est fait pour faciliter son développement économique et son attractivité, tout en limitant la spécialisation des territoires. Les zones d’activité fonctionneront mieux, notamment grâce à des améliorations en termes d’accessibilité et de visibilité. Certaines activités sont écartées du centre, limitant les nuisances ou les conflits d’usage, tandis que les zones centrales et péricentrales sont densifiées grâce à l’implantation d’activités innovantes et dynamiques. Cela contribuera également à la concentration de l’emploi, à la viabilisation des réseaux de transport en commun et au renforcement des centralités secondaires.

La construction de logements se fera en fonction du développement de l’activité économique et des besoins diversifiés qu’elle génère sur l’ensemble du territoire de la métropole. Des quartiers de haut standing équipés et connectés, accompagnés d’une offre de loisirs de qualité, participent de l’attractivité des cadres, tandis que d’autres zones répondront aux besoins des plus pauvres sans qu’ils aient à s’installer dans des quartiers informels.

En outre, la métropole propose une offre commerciale importante et diversifiée, composée de commerces de qualité et spécialisés en centre-ville, d’un réseau de marchés de proximité adaptés aux modes de vie et de consommation, et de grands centres commerciaux en périphérie de Fès, bien desservis et peu concurrentiels avec les activités traditionnelles. Cette offre commerciale s’accompagne d’une structure logistique constituée de plateformes logistiques, d’un espace de type port sec de stockage et de redistribution, et de relais logistiques de mise en marché dans le tissu urbain.

Afin de favoriser l’innovation, l’espace métropolitain dispose de pôles de compétitivité et des équipements qu’ils nécessitent, et les partenariats entre les différentes structures, les universités et les entreprises sont encouragés. La dynamique d’innovation présente sur le territoire de la métropole est également entretenue grâce à la tenue d’évènements stimulants comme des formations, des colloques ou encore des concours. La qualité des structures d’accueil des étudiants et chercheurs (logements, équipements, restauration, sport, culture,…) contribue aussi à l’attractivité de la métropole.

SRAT_RFB_FRle Schéma Régional d’Aménagement du Territoire de la Région de Fès Boulemane

Enfin, cette attractivité se développe aussi grâce au tourisme et à la culture. De nombreux projets aboutissent à la création d’évènements de différents types (patrimoniaux, gastronomiques, de loisirs) et à la valorisation de sites et de savoir-faire au sein de la Médina, mais également des territoires environnants de la métropole. La multiplicité et la diversité des offres et formules touristiques et culturelles, accompagnées d’une communication adaptée, permettent d’augmenter l’attractivité de la métropole et de diversifier les publics accueillis. Par ailleurs, la coordination des différents acteurs du tourisme et de la culture autour de thèmes fédérateurs contribue à la complémentarité des offres des deux secteurs, générant des synergies.

De manière plus générale, la capitale régionale comme le reste de l’espace métropolitain accèdent à un stade supérieur de développement, et les conditions de vie des populations s’améliorent. Le reste du territoire de la région dispose de nombreuses potentialités de différents types, notamment liées au patrimoine naturel, humain, matériel et immatériel qui s’y trouve.

Ainsi, dans les zones de forêts et de montagne, qui concernent essentiellement le Moyen Atlas ainsi qu’une partie de l’espace prérifien au nord de Fès, le tourisme et l’artisanat fourniront une activité aux populations locales et permettront de maintenir une partie du croit démographique dans ces espaces. Ces territoires accueillent également, localement, une agriculture de niche et des activités d’élevage. Enfin, des actions de préservation de la forêt, des eaux et des sols permettront aux territoires montagneux et forestiers de maintenir et valoriser leurs richesses.

Les zones à forte intensité agricole sont des espaces situés principalement dans la plaine du Sais, ainsi que quelques terres plus localisées dans le Prérif, sur les premiers contreforts nord du Moyen Atlas et dans la commune de Guigou. Dans ces zones, l’intensification des cultures a permis l’augmentation des rendements. Par ailleurs, les agriculteurs adaptent leur production aux besoins des villes afin de satisfaire la demande locale, et la filière se développe grâce à la prise en charge des activités de stockage, de transformation et de logistique du secteur. La sauvegarde des ressources en eau et la prévention des risques de pollution permettent en outre le maintien des forts potentiels de ces espaces.

Dans les autres zones agricoles (le long de l’Oued Moulouya, au sud du Moyen Atlas, ainsi que partiellement dans la plaine du Sais et dans le Pré Rif), la modernisation des méthodes de production et le développement de l’élevage s’accompagnent d’un regroupement des populations. Leur structuration en villages correctement desservis et équipés contribue par ailleurs au maintien d’une partie du croit démographique dans la zone.

Enfin, excepté sur une petite bande de terre le long de l’Oued Moulouya, la nappe alfatière et les parcours recouvrent la vallée de la Moulouya. Dans ces zones, l’amélioration des parcours et l’implantation d’équipements zootechniques contribuent à l’essor de la zone, même si c’est essentiellement en désenclavant ce territoire qu’il parvient à émerger. La protection des ressources en alfa est par ailleurs indispensable pour lutter contre la désertification.

Le réseau urbain de la région est hiérarchisé en différents niveaux de villes desservant l’ensemble du territoire. L’armature urbaine se compose ainsi de deux types de groupements de populations :

  • Les villes d’importance régionale et provinciale,
  • Les centres d’importance locale.

Les villes d’importance régionale et provinciale se divisent en trois niveaux :

  • Niveau 1 : la métropole. Il n’y en a qu’une dans la région de Fès-Boulemane :
    • Fès
  • Niveau 2 : les centres d’appui à la métropolisation. Au nombre de quatre, il s’agit de :
    • Sefrou-Bhalil
    • Imouzzer Kandar
    • Moulay Yacoub
    • El Menzel
  • Niveau 3 : les villes d’encadrement provincial. Outre certains centres d’appui à la métropolisation qui ont également un rôle d’encadrement provincial (Sefrou, Moulay Yacoub), il s’agit de :
    • Missour

Les centres d’importance locale comportent également trois niveaux de classement :

  • Niveau 4 : les relais d’encadrement territorial. Quatre centres sont concernés :
    • Outat El Haj
    • Imouzzer Marmoucha
    • Boulemane
    • Ouled Mimoun (ville nouvelle proposée)
  • Niveau 5 : les centres émergents. Chaque espace de projets en compte plusieurs :
    • Sebt Loudaya, Sidi Daoud, Mikès, Laajajra, Louadaine et Ain Bou Ali dans le Prérif
    • Sebaa Rouadi, Ain Kansara, Sidi Harazem, Ras Tabouda, Bir Tam Tam, Aghbalou Aqorar, Ait Sebaa Lajrouf, Kandar Sidi Khiar et Azzaba dans le Couloir de métropolisation
    • Ahl Sidi Lahcen, Oulad Mkoudou, Laanoussar, Tazouta, Dar El Hamra, Adrej, Tafajight, Talzemt, Skoura Mdaz, Guigou, El Mers, Ait El Mane, Ait Bazza et Oulad Ali Youssef dans le Moyen Atlas
    • Serghina, Almis Marmoucha, Enjil, Ksabi Moulouya, Ouizeght, Tissaf, Fritissa et Tendit dans la Moulouya
  • Niveau 6 : les autres groupements ruraux.

Les réseaux de communication sont également renforcés et mieux structurés au sein de la région. Le réseau routier et autoroutier est consolidé par deux rocades :

  • L’une, située au nord de l’Agglomération de Fès, traverse le Pré Rif de Mikès à Ain Kansara, en passant par Laajajra, la ville nouvelle Oulad Mimoun et Louadaine. Complétée de multiples voies secondaires s’étendant au droit de la rocade, elle permet de désenclaver le Prérif.
  • La seconde, « Rocade du Piémont », relie Imouzzer Kandar à Sefrou, puis se divise en deux tracés : l’un de Sefrou à Bir Tam Tam, l’autre de Sefrou à Ribat El Kheir (en passant par El Menzel). L’axe Fès-Azrou-Ifrane est ainsi relié à Sefrou, à Taza, et au sud de la région sans avoir besoin de repasser par Fès.

Enfin, deux axes d’intégration régionale permettent de réduire l’isolement du sud de la région : l’un joint Ribat El Kheir, Adrej, Imouzzer Marmoucha et Outat El Haj, tandis que l’autre relie Sefrou, Boulemane, Enjil et Missour.

Le réseau ferroviaire fait lui aussi l’objet d’une restructuration profonde :

  • Tout d’abord, la ligne Meknès-Taza est détournée au sud de l’agglomération de Fès afin de réaliser la connexion avec l’aéroport et délester le centre de la ville. Dans la ville, un tramway en site propre vient compléter efficacement l’offre de transports en commun, tandis qu’un réseau de type RER fait de même dans la zone métropolitaine.
  • Par ailleurs, une liaison rapide avec Tanger et le pôle Méditerranéen permet de développer les relations de Fès et de la région avec la côte nord et de diversifier ses relations.

Enfin, la ligne de train à grande vitesse maghrébin (TGVM) traverse l’aire métropolitaine et relie Fès aux centres dynamiques d’Algérie, de Tunisie, et de Libye. Il s’agit d’une réelle opportunité afin de développer des liens économiques forts avec les autres pays d’Afrique du Nord, et de placer Fès sur le tracé d’un nouvel axe fort.

Afin de profiter des dynamiques des territoires limitrophes et favoriser la collaboration entre les espaces, les liaisons avec les régions voisines sont améliorées. Il s’agit là non seulement des routes qui relient localement les communes de part et d’autre de la limite régionale, mais aussi d’infrastructures et de transports. Des axes importants et des moyens de transport réguliers et efficaces permettent en effet aux territoires similaires et à devenir lié de renforcer leurs échanges et leurs coopérations. Ces mesures sont parfois complétées par des plates-formes logistiques communes. Le renforcement de ces liaisons interrégionales est essentiel pour le développement de certains territoires de la région. En effet, certains espaces sont liés aux zones limitrophes beaucoup plus qu’avec le reste de la région Fès-Boulemane.

C’est le cas par exemple du Moyen Atlas, qui a plus de points communs avec les territoires dans la continuité de la chaîne montagneuse (dans la région de Meknès-Tafilalet principalement, mais également dans celle de Taza-Al Hoceima-Taounate) qu’avec la plaine du Saïs ou la vallée de la Moulouya. L’élaboration et la réalisation de stratégies d’envergure nationale (ou transrégionale) pour ces zones permettent d’y développer un accès aux services et équipements de manière plus efficace, et une desserte meilleure et plus cohérente.

Les espaces limitrophes sont également porteurs d’opportunités : pour le nord du Prérif, créer une liaison avec la ville de Karia-Ba-Mohamed, située à quelques kilomètres dans la région de Taza-Al Hoceima-Taounate, est beaucoup plus pertinent que de concentrer ses efforts pour atteindre Fès. A l’inverse, dans la vallée de la Moulouya, Outat El Haj s’impose comme pôle dans la filière de l’élevage (abattage, traitement et conditionnement des peaux et des viandes, stockage, logistique) au-delà des limites régionales, les éleveurs de la région voisine de l’Oriental venant jusque-là afin de vendre leurs bétails.

En outre, chaque espace de projets se développe autour d’un projet moteur, qui stimule et favorise l’essor de l’ensemble de l’espace.

Les leviers de développement des espaces de projet

Les leviers de développement des espaces de projet

  • Dans le Prérif, le PMSIA (Projet Moyen Sebou Inaouen Aval) a permis d’améliorer la gestion des ressources en eau dans les activités agricoles et de valoriser les zones limitrophes de la région avec celle de Taza-Al Hoceima-Taounate. Mais c’est surtout la création d’une ville nouvelle, au milieu de cet espace, qui va dynamiser l’ensemble de la zone. Il s’agit d’un centre urbain aménagé accueillant des zones d’activités de différents secteurs (valorisant les richesses locales) et des zones résidentielles dédiées. Elle concentre services et équipements, et est desservie par la nouvelle rocade nord reliant Mikès à Ain Kansara.
  • Le couloir de métropolisation accueille une plate-forme logistique de grande envergure au sein du « polygone de logistique et de services » au sud de l’agglomération de Fès. Stratégiquement située à proximité de l’aéroport, elle est aussi desservie par la nouvelle voie ferrée et par l’autoroute. Elle comprend une zone destinée aux activités de fret, de grands lots dédiés à l’industrie, et une zone de services pour accompagner toutes ces activités.
  • Quant au Moyen Atlas, il se développe principalement grâce à l’essor du tourisme et à l’ensemble des activités qu’il engendre dans différents secteurs. Il s’agit toutefois d’un tourisme respectueux des richesses locales, conçu comme une relation d’échanges entre les populations de la région et les touristes. Le patrimoine local, naturel et humain, matériel et immatériel, devient source d’attractivité et sa valorisation génère des emplois (activités artisanales, protection des forêts, animations culturelles, etc.).
  • La Moulouya s’organise autour de deux centres urbains. Outat El Haj est devenu un pôle dans la filière de l’élevage et prend en charge l’ensemble des activités liées à la recherche, la transformation ou la distribution des produits qui en sont issus. Elle rayonne au-delà des frontières régionales, les régions voisines ayant des éleveurs, mais pas de structures de valorisation comparables. Missour s’inscrit quant à elle comme le pôle de services supérieurs de cet espace de projets, destinés à toute la population de la vallée et du versant sud du Moyen Atlas. Elle se distingue notamment par ses performances en termes d’activités universitaires.
  • Enfin, l’agglomération de Fès se concentre sur le processus de métropolisation et développe tous les attributs nécessaires à son succès. Elle intensifie ainsi les équipements facteurs d’attractivité, les infrastructures et services destinés aux entreprises, sa connectivité, mais aussi son offre résidentielle et de loisirs de luxe. En outre, le développement du secteur tertiaire supérieur s’accompagne de mesures permettant de limiter les risques sur l’environnement et le patrimoine (liés aux populations et activités) et de maîtriser l’urbanisation informelle.

DES PROJETS D’ENVERGURE REGIONALE CORRESPONDANT AUX ENJEUX D’AMENAGEMENT GLOBAUX

L’aménagement du territoire de la région s’articule autour de trois axes stratégiques régionaux :

  • L’accélération du processus de métropolisation de l’agglomération et de son aire métropolitaine ;
  • La restructuration du milieu rural ;
  • Le redéploiement de la base économique.
Le plan d'action régional intégré

Le plan d’action régional intégré

LE PROCESSUS DE METROPOLISATION

Le processus de métropolisation est directement lié à l’exigence de brancher le territoire sur les flux nationaux et internationaux pour que l’économie de la région puisse passer le gap de l’économie du savoir et valoriser ses grandes richesses humaines portées par un appareil de formation universitaire de grande échelle. Rappelons que la région est la seule du pays n’ayant aucune frontière internationale et il s’agit par conséquent de rompre l’enclavement de la capitale et de son hinterland. Trois grands chantiers seront ouverts au titre de cet axe stratégique : la connexion, l’attractivité et la métropolisation bipolaire.

Pour la connexion, tous les modes seront sollicités : les routes, les autoroutes, les voies ferrées, la voie aérienne, la connectivité numérique. De nos jours et de plus en plus, la vitesse devient le facteur déterminant pour les échanges des marchandises et des productions intellectuelles. L’objectif est donc de relier le plus efficacement possible les grands ports du pays (Casablanca, Tanger, Nador) et grâce à l’aéroport de se connecter aux flux mondiaux. Le TGV maghrébin complète l’offre en ralliant les villes et pays du Maghreb. L’articulation de cet ensemble doit se faire autour de l’aéroport afin de produire une synergie multimodale génératrice d’attractivité et de richesses. Tout autour de ce système de relations, l’espace devient propice aux activités d’entreposage, de logistique, d’offshoring, d’industries à haute valeur ajoutée et travaillant en flux tendu avec des partenaires étrangers et de services supérieurs œuvrant pour l’économie marocaine ou pour des clients dans tous les coins du monde. Cet ensemble d’activités devra être porté par un appareil de formation et de recherche en relation avec la vocation internationale : enseignement multi-langues, échanges, recherche, innovation, etc. Le nouveau complexe universitaire projeté à Ain Cheggag sur 50 hectares en constituera l’expression. Sa programmation devra prendre en compte le nouveau contexte spatial et les ambitions nouvelles de la région et de sa capitale.

Le second chantier du processus de métropolisation est celui du renforcement de l’attractivité de Fès et des villes de son aire métropolitaine. Cela passe par l’amélioration de la mobilité urbaine, le développement des centres secondaires devant soulager l’hypercentre de l’agglomération (Ras El Ma, Aïn Cheggag, Aïn Chkef, Aïn Beida, Sidi Harazem), le développement d’un parc résidentiel locatif de haut niveau, le développement d’un immobilier tertiaire de grand standing, des conditions environnementales favorables, la multiplication des aires de loisirs, des ceintures vertes périurbaines, etc. Cela concerne également le renforcement de la base économique des villes secondaires de l’aire métropolitaine par l’amorce d’une dynamique de desserrement industriel et artisanal et de décongestionnement de l’agglomération de Fès au profit des villes petites et moyennes de son aire métropolitaine. Des zones d’activités et des zones artisanales y seront programmées parallèlement à la mise en place de dispositifs incitatifs de nature foncière, financière, fiscale et autres. De grands équipements de formation et d’enseignement supérieur y seront proposés. Le desserrement administratif sera également envisagé pour accompagner le redéploiement des activités et des populations.

La prise en charge de la dimension bipolaire du processus de métropolisation représente le troisième chantier de cet axe stratégique : la métropolisation se fera avec Meknès dans un souci d’efficacité et d’équilibre du territoire national. Fès comme Meknès bénéficient chacune d’une aire métropolitaine distincte. Chaque agglomération principale se développera en cohérence avec l’autre et s’appuiera sur son hinterland propre pour la diffusion de la dynamique économique et sociale et pour bénéficier d’opportunités de localisation et de valorisation de ressources naturelles particulières. Pour cela, une gouvernance métropolitaine spécifique devra être mise en place. On ne peut pas en effet compter sur les administrations de chacune des deux régions pour initier, harmoniser la programmation, dynamiser, mutualiser les dépenses, synchroniser l’ensemble des actions qui devront être menées à cette fin. Une maîtrise d’ouvrage commune devrait être instaurée pour la conduite du processus.

LA RESTRUCTURATION DU MILIEU RURAL

Cet axe stratégique fait appel à 5 grands chantiers :

  • Le désenclavement qui concerne les liaisons internes et celles avec l’extérieur de la région, et les systèmes de transports des biens et des personnes.
  • La sauvegarde de l’environnement et du patrimoine intéresse le patrimoine matériel et immatériel, la question de l’eau, des forêts, des nappes alfatières, des sols, l’assainissement solide et liquide, etc.
  • La relance de l’activité économique dans le milieu rural concerne au plus haut point l’artisanat et le tourisme dans la mesure où le plan Maroc Vert a déjà pris en charge les volets de l’agriculture et de l’élevage.
  • La villagisation est un des projets phares du SRAT de Fès Boulemane. La villagisation permet aux populations d’être regroupées, d’échanger les informations, de mettre ensemble leur production à commercialiser, de constituer des coopératives, de créer des systèmes d’épargne et de microcrédits, de résister aux pratiques des intermédiaires. Les villages verraient naître un certain nombre de besoins nouveaux qui vont être satisfaits par la création de nouveaux métiers. Les villages vont constituer des pôles de demande de produits agricoles et des centres de consommation assez importants. La politique de la villagisation préconisée pour la restructuration du milieu rural exigera des efforts en matière d’infrastructures et de services publics. Il s’agira notamment de renforcer le niveau de desserte en équipements par la création de services sociaux et économiques. Les objectifs seront à la fois de procurer à la population que l’on souhaite retenir une source permanente de revenus, de créer des commerces et services nécessaires à l’amélioration de la productivité agricole et enfin d’amorcer un processus d’auto-développement à l’échelle du village et de son hinterland. Il s’agit de créer les conditions objectives d’un regroupement progressif des populations dispersées grâce à un grand nombre d’actions convergeant vers le développement de noyaux villageois préexistants. Ces actions concernent la préparation d’assiettes foncières viabilisées pour diverses fonctions (habitat, artisanat, administration, services publics, sports et loisirs), à côté de mesures d’incitation multidimensionnelles (financières, fiscales, formation, coaching) pour inciter les jeunes à s’y établir durablement. Le renforcement des noyaux existants passe également par deux mesures indispensables :
    • améliorer les conditions d’accueil et d’encadrement : homes, facilités d’octroi d’un terrain ;
    • disposer d’une réserve foncière cessible destinée à l’habitat, aux activités et aux services.

Le programme d’intervention sur chaque noyau prévoira tout ou partie du programme suivant selon la situation existante :

  • l’acquisition et la viabilisation d’une réserve foncière d’une vingtaine d’hectares pour l’habitat, les activités et les services ;
  • l’amélioration des voies d’accès au village en priorité vers les villes environnantes ;
  • la construction d’un collège et d’un lycée (là où il n’y en a pas) et de homes pour les enseignants ;
  • la construction d’une école des métiers (collège technique) ;
  • la construction d’un dispensaire (là où il n’y en a pas) et de homes pour le personnel paramédical ;
  • la mise à niveau et éventuellement l’extension des mosquées existantes ;
  • l’aménagement d’un marché moderne ;
  • la construction d’un centre de santé vétérinaire ;
  • la construction d’une antenne administrative regroupant certains services publics.

L’armature des villages sera en outre consolidée par la mise à niveau des groupements existants n’ayant pas encore la taille et l’importance requise pour devenir un CREM. Le but recherché est de créer les conditions spatiales d’un redéploiement du peuplement et d’un soulagement de la pression sur les terres agricoles productives.

  • La nouvelle gouvernance territoriale destinée à la prise en charge des projets interrégionaux et des grands projets intersectoriels de la région tels que les CREM, le redéploiement artisanal et industriel.

LE REDEPLOIEMENT DE LA BASE ECONOMIQUE

Deux grands chantiers seront affectés à cet axe stratégique :

  • L’équipement du territoire concernera le transport, les routes hors milieu urbain, les services publics et l’habitat en milieu rural, la mise à niveau des villes ainsi que la mise en tourisme des principaux sites attractifs de la région.
  • Le développement inclusif vise l’implication de l’ensemble de la région dans la dynamique de développement et il se rapporte à l’ensemble des actions à même de préparer la redistribution des investissements publics et privés sur le territoire. Sont comprises dans ces actions : les schémas directeurs de l’industrie et de l’artisanat, le desserrement universitaire vers les villes de Sefrou et de Missour, la programmation des services supérieurs et des délocalisations d’administrations publiques…

LES PROJETS DU SRAT D’ENVERGURE REGIONALE

Certains projets du SRAT doivent permettre à Fès-Boulemane d’initier une dynamique de développement au niveau régional. On peut ainsi considérer que les projets d’envergure régionale principaux sont les suivants :

  • Etude d’un schéma directeur ferroviaire de la région de Fès Boulemane
  • Contournement ferroviaire sud de l’agglomération de Fès
  • Grande gare multimodale
  • Autoroute reliant Fès et l’autoroute transmarocaine de l’intérieur projetée
  • Rocade métropolitaine nord
  • Rocade du piémont
  • Mise à niveau de l’axe d’intégration régionale Fès-Outat El Haj
  • Mise à niveau de la route Sefrou-Bir Tam Tam
  • Plateforme logistique : étude de faisabilité, étude d’exécution et réalisation
  • Port sec : étude de faisabilité, étude d’exécution et réalisation
  • Zone franche : étude de faisabilité, étude d’exécution et réalisation
  • Polygone de logistique et de services : étude de faisabilité, étude d’aménagement et réalisation
  • Création d’une foire internationale
  • Institut national des eaux minérales et thermales
  • Création de ceintures vertes autour des centres urbains
  • Installation de centres de pêche en eau douce des barrages et de centres d’activités aquacoles
  • Campagnes d’alevinage dans les barrages
  • Création et suivi de projets de pôles d’économie du patrimoine.


Téléchargement des documents de la phase 3:

  1. le rapport finalisé du SRAT: ARFR
  2. le projet de contrat entre l’état et la région de Fès Boulemane: ARFR
  3. le rapport de synthèse finale: ARFR